Emission spéciale Région Grand Est – Jean-Baptiste Sibertin-Blanc, commissaire d’exposition
Parcourir le Grand Est en prenant la parole avec des lettres de verre dans un lieu dédié au silence, a quelque chose de paradoxal. Avec l’exposition proposée par la Région Grand Est : « Passé, Présent, Futur – Le verre dans tous ses éclats » et notamment l’univers « dialogue entre matière et savoir-faire », de Jean-Baptiste Sibertin-Blanc l’un des deux commissaires d’exposition, le visiteur est invité à découvrir les multiples facettes du verre, jusqu’au 4 janvier prochain à l’Abbaye des Prémontrés à Pont-à-Mousson.
L’exposition commence en rappelant que les diatomées que l’on pourrait comparer à des plantons, sont les premiers créateurs de verre puisque leur corps est constitué de silice transparente pour permettre la photosynthèse nécessaire à la vie. Aussi rappeler que le verre est précieux et au début de notre ère, 1 kilo d’or vaut 1 000 gr de verre. Puis ce sont quatre chapitres qui se déroulent et dans lequel on va découvrir cette histoire du verre. ‘’Savoir’’ et ‘’faire’’, deux mots qui sont indissociables de la création de tout nouvel objet. L’art du verre ou le verre dans l’art se sont emparés de ce médium. Tel que le vitrail nous le montrer et nous le rappelle parfois, comme à Strasbourg et enfin le dialogue qui se noue autour des lettres de verre qui sont à l’origine de cette histoire.
26 lettres de l’alphabet au travers de 26 lettres de verre pour illustrer le dialogue des artisans verriers avec la matière ou le rapport du public avec les nombreuses créations exposées ici
Oui ! C’est bien un dialogue auquel sont invités les visiteurs. En premier lieu, dialogue des verriers avec la matière et puis au dialogue que l’on a de manière plus intime lorsqu’on découvre une œuvre. Chacune de ces lettres est une petite architecture. Ce sont des sculptures, des signes et c’est la première fois que j’écris avec ces lettres de verre au Prémontrés. Le mot dialogue travers l’installation des 26 lettres disposés comme dans un tiroir. Peut-être comme pour rappeler aussi que Gutenberg inventa sans doute à Strasbourg, les premiers caractères mobiles en plomb. L’exposition est chargée de pièces sensibles, d’anecdotes qui se sont inventés en imaginant cette histoire. La région est neuve de ces 9 départements, alors j’ai écrit cette phrase : je suis neuve, à moi toute seule et on la retrouve en néon aux couleurs de la région et puis Gérald Watrin jouait avec l’art du feu où il y a Maya THOMAS qui recycle des bouteilles de vin d’Alsace, à jouer avec des strates topographiques de la Région pour écrire et créer comment un miroir, la terre et le verre.
Des œuvres issues de collection, de renommée mondiale, mais aussi des créations d’artisans locaux dans le Grand Est
Oui ! Cette histoire du verre est bien vivante car c’est avec les artisans de la région que nous l’avons écrite avec Antonio qui travaille à Toul et il nous confie un triptyque en verre, fusé, comme une aquarelle de verre. Nous retrouverons aussi des pièces remarquables de collaboration des grandes manufactures, avec des designers et architectes talentueux Pierre Charpin, Noé Duchaufour, Laurance, Philippe Starck aussi j’ai souhaité donner à voir comment des artistes du monde entier se sont approprié le verre, pour jouer avec les mots comme d’autres jouent avec la toile ou avec le bronze… Jacques Villeglé, Pascal Convert, Antoine Leperlier…
Le volet éducatif, lui non plus, n’est pas oublié
Lorsque j’étais le directeur de la création de la cristallerie Daum, j’utilisais souvent l’image et la pédagogie pour partager ma passion pour tel ou tel projet. Aussi, lorsque j’ai créé à l’ENSAD (École nationale supérieure d’art et de design) de Nancy, l’atelier Glassroom, le Grand Est est riche de lieux d’échanges et de formations uniques en France : le Centre International d’Art Verrier (CIAV) de Meisenthal, le CERFA, Vals-le-Chastel, le lycée Labroise à Sarrebourg. Ils sont avec nous dans l’exposition autour de pièces qui racontent une histoire, une image qui caractérise ces lieux comme l’âme de la vallée dans la forêt de Meisenthal ou l’arche où toutes les pièces s’échelonnent quelques instants. Autant de signes pour écrire cette histoire, pour créer des liens entre les départements, pour faire signe, pour rappeler l’origine du mot design. Comme un dernier clin d’œil, nous retrouverons dans l’exposition une plaque de Pont-à-Mousson, ici réalisée en pâte de verre comme un clin d’œil lumineux entre les deux process. Deux process similaires, la fonte au sable et la fonte à cire perdue, pour laquelle seule la matière fait la différence
Des œuvres uniques pour montrer le verre dans toutes ses dimensions artistiques, conceptuelles et innovantes. À l’issue de cette exposition en janvier prochain, l’univers dialogue entre matière et savoir-faire poursuivra son chemin dans tout le Grand Est.
Une production des radios associatives avec le soutien la région Grand Est