Emission spéciale Région Grand Est – Jean-Pierre Benetiere, formateur à l’École Nationale d’Osiériculture et de Vannerie de Fayl-Billot et Emmanuelle, bénéficiaire du CAP Vannerie

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Animatrice :

À l’occasion des journées européennes des métiers d’art. L’artisanat et les savoir-faire du Grand Est sont à l’honneur. On part direction la Haute-Marne, à l’École Nationale d’Osiériculture et de Vannerie de Fayl-Billot.

Jean-Pierre BENETIERE bonjour, vous êtes formateur au sein de l’école depuis 2007, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est l’osiériculture et la vannerie.

Jean-Pierre BENETIERE, formateur à l’École Nationale d’Osiériculture et de Vannerie de Fayl-Billot :

L’osiériculture, c’est la culture de l’osier. Elle se pratique donc au sein de notre établissement. L’osier qu’on utilise est produit sur notre exploitation. On a quand même 4 ha d’osier. Les apprenants vont sur l’exploitation, travailler à la culture de l’osier qui va nous servir justement à réaliser des articles en vannerie, d’osier.

Animatrice :

Alors des cultures d’oseraies jusqu’au panier en osier, quelles sont les différentes formations proposées ici à Fayl-Billot ?

Jean-Pierre BENETIERE, formateur à l’École Nationale d’Osiériculture et de Vannerie de Fayl-Billot :

Alors on forme environ 18 à 20 personnes chaque année pour des formations longues de 10 mois. Nous avons donc deux diplômes, un CAP vannerie Métiers D’Art, et on a également un BPREA (Brevet Professionnel, Responsable d’Exploitation Agricole), plus orienté sur la culture de l’osier et le travail de l’osier à l’atelier transformation de vannerie. Et parallèlement à ça on a également des gens qui viennent se former à la vannerie d’une manière peut-être un peu moins professionnelle mais qui viennent une semaine ou deux semaines ou plusieurs fois dans l’année, qui viennent donc en formation courte.

Animatrice :

Dans les ateliers de l’école nous avons justement rencontré Emmanuelle, à l’issue de ses stages courts, elle a décidé de quitter son poste d’aide-soignante pour se réorienter vers le CAP vannerie. Elle nous explique le processus de création du panier à bois qu’elle réalise.

Emmanuelle, bénéficiaire du CAP Vannerie :

La première étape c’est de trier l’osier par rapport aux étapes de la fabrication du panier à bois. Donc déjà pour commencer le fond, c’est-à-dire le fond du panier, on ne va pas prendre les mêmes dimensions et les mêmes diamètre de brin. Donc déjà on va faire un tri au niveau des brins pour chaque étape du panier. Et avant de travailler ce brin, on va le faire tremper suivants aussi les catégories de travail que l’on va faire, le trempage va s’effectuer soit d’une durée de deux heures ou de 4 heures. Donc on fait tremper le brin dans un grand bac rempli d’eau pendant ce lapse de temps nécessaire, et après on le met sous bâche en plastique pour que l’humidité soit maintenue, comme ça on peut travailler l’osier blanc pendant toute la semaine. Si on ne le met pas dans l’eau en fait il sèche rapidement, l’installer sous la bâche permet de maintenir une bonne humidité et que l’osier soit souple pour le travailler et donc il ne cassera pas.

Puis une fois qu’on veut le travailler, on l’enlève de la bâche et puis en fonction de ce que l’on doit faire le brin d’osier est travaillé différemment : soit il faut l’épointer ou l’effiler, faire des écaffes… enfin ce sont tous des termes que l’on emploie pour chaque acte que l’on doit effectuer sur le panier.

Animatrice :

Jean-Pierre, vous êtes formateur ici à l’école, mais vous êtes aussi vannier professionnel, quel est le secret pour être un bon vannier, une bonne vannière ?

Jean-Pierre BENETIERE, formateur à l’École Nationale d’Osiériculture et de Vannerie de Fayl-Billot :

Ah si c’est un secret, est-ce que je vais pouvoir le dire haha ? Donc pour être un bon vannier ben y’a le tempérament déjà : il faut être capable de travailler seul si on est dans son atelier, il faut être organisé, vraiment attiré aussi parce que je pense qu’il faut avoir une certaine rigueur. Au niveau du travail de l’osier, il faut avoir une habileté manuelle, être soigneux. Faut pas être trop pressé parce qu’un panier c’est vite beaucoup d’heures de travail donc il faut pas avoir envie qu’il soit terminé avant de le commencer.

Animatrice :

C’est combien d’heures de travail pour un panier ?

Jean-Pierre BENETIERE, formateur à l’École Nationale d’Osiériculture et de Vannerie de Fayl-Billot :

Il y a panier et PANIER mais on a vite fait de travailler trois heures sur un panier.

Animatrice :

Et j’ai une dernière question: la pratique ancestrale de la vannerie pour vous c’est un retour dans le temps ou est-ce que c’est un saut vers le futur ?

Jean-Pierre BENETIERE, formateur à l’École Nationale d’Osiériculture et de Vannerie de Fayl-Billot :

C’est les deux ! Mais en tout cas la vannerie a encore de belles choses à dire, de belles choses à faire. Plus il y aura de gens pour la représenter, pour la faire, mieux ce sera.

En plus on est à l’heure où on parle beaucoup de développement durable etc. alors certes la vannerie ne reprendra pas la place qu’elle avait dans les métiers, mais aujourd’hui ne serait-ce que d’avoir un panier pour aller faire ses courses c’est quand même drôlement pratique !

Retour dans le temps ou saut vers le futur, ce qui est sûr, c’est que l’osier n’a pas dit son dernier mot !

Une production des radios associatives avec le soutien de la région Grand Est.

 

 



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